L'APRÈS CHEMIN : HOSPITALIÈRE SUR LE CHEMIN DE COMPOSTELLE

Bon nombre d'entre nous, après avoir finalisé son chemin, se demande qu'elle sera la direction à prendre!

Le chemin nous a tellement donné qu'on se demande comment lui rendre. À chaque étape, des hommes et des femmes se mobilisent pour offrir gîtes et couverts aux pèlerins de passage. Ces hospitaliers comme on les appelle, portent une attention toute particulière pour offrir une qualité d'accueil au service du pèlerin.

C'est un travail difficile qui demande une grande disponibilité, c'est pourquoi ces hommes et femmes se relayent durant la saison d'avril à octobre pour assurer par tranche de 7 ou 15 jours la permanence de ces lieux qu'ils soient privés, religieux ou municipaux.

C'est ce qu'a souhaité Lucette suite à son pèlerinage en 2014. Rejoindre la famille des hospitaliers. Chaque année elle se rend dans ces lieux d'accueil pour accomplir ce qui lui tient à cœur.

Voici le témoignage de ces voyages qui la replonge d'une certaine façon dans la magie du chemin car ce chemin, on ne l'oublie jamais.

LE TEXTE QUE JE VOUS LIVRE EST LE FRUIT DE TROIS EXPÉRIENCES D’HOSPITALIÈRE TRÈS DIVERSES SUR LE CHEMIN DE COMPOSTELLE

J’ai commencé par aller à Perpignan, il y avait un petit gîte avec six couchages à l’étage d’une maison ancienne dans une rue de vieille ville. J’y suis allée trois, quatre années de suite, mon mari m’accompagnait. Nous avons très peu accueilli de pèlerins, mais par exemple la présidente de la fédération avec le staff de l’association locale et des représentants du Conseil de l’Europe. Parfois je préparais un repas, d’autre fois, les pèlerins voulaient cuisiner eux-mêmes. Une fois par semaine j’assistais à la rencontre hebdomadaire de l’association locale. Bien sûr j’entretenais les locaux : dortoir, sanitaires et pièce à vivre autrement dit, si aucun pèlerin ne s’était présenté la veille, après le ménage j’étais libre d’aller et venir jusqu’à 16/17h parfois plus tôt si un pèlerin avait annoncé sa venue. Pour clore mon séjour, j’ai tous les ans été invitée par le président à un repas au restaurant.

Je suis allée à Moissac, au Carmel qui est géré par le club alpin de Toulouse. C’est une tout autre dimension. Sont accueillis au Carmel les pèlerins et les randonneurs, parfois des groupes sportifs. Je suis allée là avant Pâques pour la première fois, il n’y avait pas foule, c’était bien pour moi, je préparais le repas du soir et le petit déjeuner. Il faut toujours préparer un bon potage et un dessert à partager (bon=consistant), avoir des œufs, pommes de terre, pâtes et riz en réserve, salade, fromage râpé et en morceau et au congélateur : steaks hachés, saucisses, poissons. Moyennant quoi si un groupe de pèlerins arrive sans avoir prévenu, on peut faire face. Au Carmel, on accueille les pèlerins dès 15h, il faut les accompagner dans les chambres, leur donner le linge de lit, mettre la table, les servir à table, débarrasser les tables, faire la vaisselle (il y a un lave-vaisselle de collectivité), balayer et ranger la vaisselle, et après leur départ laver le sol du réfectoire. Donc on est libre dès 10h le matin jusqu’à 15h et après 21h jusqu’à 6h à peu près. Dès que le pèlerinage reprend vigueur c’est-à-dire à Pâques, le repas du soir est livré par un traiteur (il faut dire que l’on peut recevoir jusqu’à 100 pèlerins, c’est un nombre exhaustif mais ça peut arriver) ; au point de vue entretien, le ménage des chambres et sanitaires est assuré par une femme de ménage, le repas de midi est libre c’est-à-dire chacun se prépare ce qu’il veut. Les courses sont faites par le personnel. Normalement nous sommes 4 hospitaliers en période de pèlerinage : de Pâques à octobre et on reste 2 semaines.

De Moissac je suis descendue à Sarrance, dans la vallée d’Aspe sur le chemin d’Arles. Dans ce beau défilé le monastère abrite un gîte pour pèlerins de 12 places. L’accueil dans cet édifice vieux de neuf siècles est pour le moins impressionnant, le nombre de pèlerins venant de Oloron-Sainte-Marie est très variable selon les jours et la météo, il y a aussi des pèlerins qui sont arrivés par Lourdes et en 2 ou 3 étapes viennent frapper à la porte du monastère. Là, le rôle de l’hospitalier est plus vaste, c’est pour cela, qu’en principe et en pleine saison, nous sommes au moins 4 hospitaliers comme pour Moissac. Nous préparons le petit déjeuner, assurons le ménage des dortoirs, des sanitaires, de la grande pièce d’accueil, le ramassage des taies d’oreiller, draps à laver que nous emmenons à la laverie (sur place) quelques fois étendre le linge, le ramasser, les repas, du midi et du soir, parfois des course et le plus important l’accueil des pèlerins. En fait le monastère accueille d’autres hôtes que les pèlerins, des retraitants, et autres… Alors la répartition des tâches se fait lors d’une réunion le matin avec le père Moulia après le petit déjeuner. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut assumer tout cela et plus encore, leur faire découvrir l’église attenant au cloître, leur conseiller d’aller faire un tour à l’office de tourisme, les conseiller quant au chemin du lendemain, leur donner les heures des offices, organiser une soirée chants etc… Il m’est arrivé bien souvent de rester plus de 2 semaines , c’est parce que j’apprécie ces rencontres toujours enrichissantes et que je subis le charme de ce monastère qui laisse peu de gens, retraitants ou pèlerins, indifférents. Et je ne suis pas seule à tomber sous son charme, d’autres hospitaliers et retraitants sont des fidèles si bien qu’on se retrouve là-bas pour partager le travail et au moins l’amitié sans compter les souvenirs de notre beau chemin.